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Faunabetse
11 février 2016

Paroles d'Esteban

70973377

On m’a demandé de parler de moi.
Difficile sujet. Un que je n'aime pas.
On m’a demandé pourquoi, pourquoi je rejetais les gens. Ceux qui s’intéressaient à moi. Je ne savais même pas que je faisais ça.

Bref.

Moi... c'pas compliqué. Je suis Esteban sans accent. C'est un désir de ma mère, à ce que j'ai pu déchiffrer. Mon prénom que j'adore, l'accent perdu le rend plus beau, plus rare. J'en pleure à écrire ces lignes, justes deux larmes. Mais deux larmes pour mon prénom choisis par l'être aimé.

Direct ! Pour faire simple, vraiment simple. J''ai une maladie dégénérative des nerfs, muscles, neurones.
Ce n'est pas les bons mots, c’est juste les plus facile à comprendre et... les seuls que je donnerai.
Les muscles, les nerfs sont attaqués, malades. Ils se paralysent doucement, brûlent sous la peau. Comme une crampe brûlante et perpétuelle.

Avec, la mémoire d'hier s'efface doucement. Celle de demain n'y pense pas. Maintenant encore là, tant qu'aujourd'hui est présent.

De plus en plus souvent en fauteuil. Plus la force de me porter.
J’ai eu droit à une néphrectomie partielle (ablation du rein) qui a un peu raté. On parle maintenant de la refaire, de la refaire en total, ce n'est pas grave, on vit très bien avec un seul. C’est juste super chiant pour les médicaments, certains deviennent déconseillés et beaucoup deviennent interdits.

On me dit que je fais attention aux autres.
Il est pour moi, important d'y faire attention. Les autres sont l'avenir de cette terre.
Prendre soin d'eux, les aider à avancer, penser à eux. C'est vous offrir un monde meilleur.
Un joli rêve ! Oui ! Mais c'est le mien.
Je crois en l'humanité. Je sais, que nous ne sommes pas tous, foncièrement mauvais.
Beaucoup d'entre vous sont extrêmement bon.
Je fais attention aux autres plus qu'à moi, un reproche souvent entendu. Mais, moi et le futur ne serons pas ensemble, pour faire évoluer la nature et l'humain.
Ma réponse à la question "Tu veux quoi, pour toi ?" et toujours "Que tu sois heureux.".
J'entends chaque fois un râle à mon point final. Désolé, je ne sais quoi répondre d'autre, rien d’autre ne compte.
Mon esprit, mon cœur, mon corps souffrent. Te savoir heureux, heureuse, me suffit pour sourire toute la journée. Te savoir pas bien fait couler les larmes silencieuses de mon cœur.

Bref,

J’aime bien ce mot. Bref

J’ai un frère. Mon père est le sien. Sa mère n’est pas la mienne.
J’ai un père. Pas facile entre nous.
Ma mère, je ne l’ai pas connue. Je suis souvent jaloux et envieux des autres, mais heureux des rapports amoureux mère fils. Super heureux quand on me parle des rapports avec sa mère. Curieux des histoires, j’aime les entendre et imager. Une personne m'a dit qu'elle avait peur de faire un câlin à sa mère et qu'il en avait très envie. J'ai ris et trouvé ça bête, je lui ai dit de le faire. Il a réussi. À son récit, j'ai senti la chaleur du câlin en moi.
Elle me manque.

Je vis chez mon père.
Deux marches me séparent de la route, que de ma fenêtre, j’observe silencieusement.
Mon père est un con, je ne l’aime pas, je le hais presque. On m’a dit la haine est le début de l’amour, une vérité peut-être. J’aimerais comme certains l’idolâtrer, il n’est qu’un homme, triste.
Tristesse que ma vue renforce.
Triste, chacun de son côté, mais ensemble, triste du geste qu'un jour, j'ai fait.

Mon père est un con.
Grâce à lui, j’ai un compte à la Fnac. Je peux commander tous les livres que je veux, sans réelle limitation de budget. Seule limite, je n’ai le droit d’acheter que des livres. Parfois, je triche un peu, dans le panier, je glisse un cd juste avant le paiement.
J’ai un compte à la pizzeria, un au Chinois, un au couscous et un au supermarché, tout en livraison à domicile, tout sur internet, tout en un clic.

Il m’arrive de commander une pizza alors que, mon père vient de faire à manger.
Je lui dis “non pas faim” avec mon ton de merde. Quand la pizza arrive, il me l’apporte, sans souvent rien dire.
Il me hait autant que je l’aime.

Oui, c’est un con.
Mais, il me permet de vivre ici. Libre, plutôt que survivre, enfermée là-bas, dans une clinique. Je suis libre de faire ce que j’ai envie, de regarder la TV, d’être sur l'ordinateur, de manger même de me branler et tout ça quand je veux.
Je me sens plus libre ici, dans ma prison. Que je le suis, dans ces putains de clinique à l’air nauséabond.

Oui, mon père est un con, j’ai souvent l’image d’un couteau dans sa poitrine.
Il l’appelle mon frère “l’erreur”, ce que je déteste. Bon, okay, oui, je déteste qu’on dise quoi que ce soit de mon frère, je pourrais éradiquer l’espèce humaine pour ça. Sûrement de colère, je l'éradiquerais lui pour avoir une fois de trop prononcer ce mot.
Il m'appelle “l’assassin”, c’est difficile à entendre, même si à mon avis, il a raison.

Il m’aime en silence, je le hais à voix haute.
Ça n’a jamais été super entre nous. Quatre ans que les choses changent. Quatre ans qu’on me voit changer rapidement.
Quelque mois en arrière, je me déplaçais à béquille, simplement. Un peu plus encore à reculons, je marchais sans aides. Un an avant, je courais en sautant un pas sur deux, une chute tous les dix pas, mais une chute de rire. Aujourd'hui, le fauteuil est plus souvent que les béquilles. Les jambes ont disparu avec la force des bras.

Au fur du temps, la tristesse grandit. La sensation d’être un poids augmente. Je sens les deux ans qui restent, venir s’écrouler plus vite qu’ils ne passent. Difficile de comprendre cette nuance de temps, quand pour moi chaque minute de l’horloge est une heure de ma pendule.

J’ai, je crois encore dévier du sujet principal. Moi. Ben non, peut-être pas. Mon plan est juste modifier. Un brouillon que je lirais avant de poster.

Bref

Mon père est un con, ma venue au monde a tué la seule personne qu’il aimait. Qu’il aime.
Qu’on aime.
Oui... pour résumer... j’ai tué ma mère en naissant. Ou elle s'est sacrifiée pour que je vive. Qui sait ?
Oui, c’est dur d’y penser tous les jours, de voir ce visage assassin dans mon miroir.
Bien que je ne la connaisse pas, elle me manque. Elle me manque, comme on peut manquer l’air qu’on respire pour vivre. Je ne sais rien d’elle. Je préfère peut-être imaginer, rêver. J’ai peut-être peur de savoir des trucs.
Pfft trop con.

Je l’ai écrit plusieurs.
Je la vois souvent, dans le cadre de la porte de ma chambre. De son visage flou, son sourire illumine la pièce, comme un arc-en-ciel émerveillant le ciel bleu de la pluie fini.
J’entends parfois sa voix, sans jamais comprendre ses mots. Tout n’est que rêves illusoire.

Bref

Cinq minutes pour parler de mon frère, Valentin. Celui que j’aime plus que tout.
On dit parfois “je donnerais ma vie pour lui”. Moi, c’est l’inverse. Depuis un moment maintenant, chaque matin et chaque soir, je garde ma vie pour lui. Il est LA raison pour laquelle je lutte contre elle tous les jours.
Je t’aime mon P’tit con à moi.

Je ne sais plus où j’en suis. Je ne sais plus où je vais.
J’écris le mot qui pense au second.
J’ai comme il y longtemps, pas, l’image de fin de mon histoire. Rien, ne me guide pour écrire, si ce n’est, le dernier mot apparu sur l'écran. Je ne crois même pas que mon esprit comprenne ce qu’il raconte.
Qui tape sur ce clavier ?
Heureusement que le bruit du clavier est là.

Esteban, tu dérives encré au fond du lit, bouge-toi ! Reviens sur le texte ou part dormir.

Oui, moi, quoi dire de plus, je suis gay, ce n'est pas vraiment un secret. Sauf, pour mon père homophobe avec deux fils gay.
J’aime mon frère plus que tout.
Je crush sur un gars, avec qui j’aime discuter, simplement. Bizarrement, ou pas, je n'ai pas d’attirance sexuelle pour lui, juste l’envie de passer du temps, du temps avec lui. Je suis trop con non ?
Je n’ai jamais était amoureux. Je croîs que je le suis, vraiment. Je n’ai jamais dit de ma faible voix, les doux mots qu’on aime entendre. Je rêve de, de les dires une fois, au moins. Trop difficile. Un jour peut-être.

Je remonte pour lire un peu le début. Et reviens après pour continuer.

Faut vraiment que j’apprenne à poser mes poings et mes virgules.

Je suis déscolarisée depuis... j'n'sais pas, j'm'en fous. J’ai passé mon bac en situation particulière, difficile et super chiant.
Ah oui ! Je me suis planté dans toutes les matières. Comme je m’en fous et que je ne comprends pas l’intérêt, ben... je ne bosse pas, pas beaucoup, pas... du tout.
Ma moyenne ferait rire beaucoup, mon père un peu moins, bien qu'il ai compris, je crois.
Je suis des cours par correspondance, un prof particulier vient à la maison. Il a compris mon intérêt pour les cours, je crois. Il m'apprend plus la guitare et les échecs que les maths. On travaille juste ce qu'il faut pour retourner les documents. Bref, les études me font chier, j'ai envie d'arrêter, mais la présence de mon prof occupe mes longues journées interminables.

Bref

Thibault, c'est voisin, qui parfois vient me voir. Quand personne n'est là. Et surtout quand il a une envie. Juste lui et moi, pour une heure ou deux à jouer ensemble.
Je sais qu'il se sert de moi. J'm'en fous, j'adore ça. J'me sers aussi un peu de lui.

Je vais arrêter là. 3h30.
Dormir doit être une bonne idée.
On verra demain pour finir peut-être, pour relire sûrement.
Bonnes nuits



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Commentaires
M
En vérité, "Esteban", sans accent, est la seule orthographe acceptable puisque c'est un prénom espagnol, qui pourrait se traduire en français par "Stéphane"...
P
Bonsoir, <br /> <br /> <br /> <br /> article assez direct, mais je pense que ça t'a fait du bien de mettre par écrit tes sentiments. <br /> <br /> <br /> <br /> C'est toujours avec plaisir que je lis tes articles et reste plus dans l'ombre à présent. <br /> <br /> Mais sache que je continue à guetter tes nouveaux articles.<br /> <br /> <br /> <br /> bonne soirée,<br /> <br /> <br /> <br /> Paradisienne
M
Voilà ! Enfin LE voilà Ce texte que j'attendais depuis...... hum quelques temps. Dur par les mots, violent par la force mais MAGNIFIQUE; pour une fois je dirais long mais trop court. Stop Esteban je te connais je suis sûr que la larme arrive en lisant ma ptite bafouille ! j'arrête la pour l'instant mais je reviendrais dessus c'est certain :-) <br /> <br /> B R A V O et chapeau MR ESTEBAN
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