Changement paternelle

Un père surprit discrètement, sur son canapé, un garçon embrasser son fils.
Il ne bouge pas. Il ne dit rien. Il observe. Il se dit qu’il a l’air heureux dans ces bras qui le tiennent, tendrement, délicatement.
Des milliers de questions le percutent. L’idée de se tromper sur l’homosexualité le frappe. Il est figé, devant ce tableau. Il hésite à l'interrompre. Il ne bouge pas. Rien.
Il reste silencieux quelques jours, les regards d’interrogations passent. Aucun échange avec ses fils ces quelques jours, juste des regards.

Il m’a raconté la scène. Puis, il a fini par me demander à moi, le frère de ce fils. Il m’a demandé si son fils était gay. Si ce Max était son copain.
Je suis resté évasif. Je n’ai su quoi répondre. Ne voulant pas trahir mon frère, je suis resté en silence. J’ai détourné le regard. Sans mots, il a compris. Il a fini une larme à l'œil, ce tournant pour me montrer son dos. Il est parti sans bruit, triste, en me disant “tant qu’il est heureux”.

Je me suis trompé sur mon père ?
Depuis je ne vois plus les propos homophobes ! Il est différent ! Ou c’est mon regard qui a changé ! Les deux peut-être !
Je le vois parfois pleurer, je ne sais pas pourquoi. J’ai peur de lui demander pourquoi ? Pour qui ? Je le crois encore amoureux de ma mère et mon état le renforce encore plus.
Si seulement j'étais moins têtu que lui ou lui que moi, on pourrait parler, échanger et dire ce que l’autre devrait entendre.

Il faudrait que j’apprenne à lui dire mes quelques mots. Je voudrais savoir lire dans son cœur de pierre tendre.

J’ai la sensation que mon père change à mesure que ma maladie grandie. Il m'a demandé ce que j’aimerais pour Noël, c’est une première, nous ne l'avons jamais fêté, je n'ai jamais eu de cadeau pour cet événement. Je n'ai toujours pas donné d’idée, je ne sais pas ce que je veux, rien de matériels, rien de financiers. Je veux juste des sentiments, rien d’autre. J’aimerais faire quelques choses, je ne sais pas quoi.